L’explosion avait soufflé un immeuble à Dijon et fait quinze blessés. Le responsable présumé, un homme de 53 ans qui avait tenté de mettre fin à ses jours, est jugé à partir de lundi par la cour d’assises de la Côte-d’Or.
Les faits remontent au 16 septembre 2016 : peu après 9h, une déflagration secoue le quartier de la gare. L’immeuble d’un étage où elle s’est produite est presque entièrement détruit. Autour, certains bâtiments menacent de s’effondrer. Parmi les blessés, deux le sont grièvement, dont l’accusé. Alors qu’il est retiré des décombres par les secours – certains parleront de « scène de guerre » – il indique de lui-même avoir ouvert des bouteilles de gaz et mis le feu pour mettre fin à ses jours.
Brûlé sur 20% du corps, le quinquagénaire est conduit dans un service pour grands brûlés à Metz. Il sera mis en examen quelques semaines plus tard et placé en détention provisoire. Interrogé lundi sur une déception sentimentale à l’origine de ses intentions suicidaires, l’accusé, retrouvé deux jours avant les faits avec des plaies aux poignets, reconnaît qu’il était très amoureux de sa voisine, avec qui il entretenait une relation amicale et qui l’avait éconduit à plusieurs reprises.
« On avait décidé de laisser tomber ces histoires amoureuses, ce que je croyais pouvoir faire, mais ce n’était pas le cas », explique cet homme aux cheveux poivre et sel coupés ras, vêtu d’un t-shirt bleu. « D’un seul coup dans ma tête, il fallait que je meure, je ne sais pas pourquoi. » Devant les jurés, il dit avoir du mal à se souvenir des faits, la faute aux médicaments et à l’alcool qu’il avait consommés. Il parle de sa colère mais nie avoir menacé sa voisine, comme elle l’affirme, indiquant n’avoir pas pensé aux conséquences de son geste.
Parmi la cinquantaine de parties civiles, une femme aujourd’hui âgée de 59 ans est la plus grièvement touchée. Elle se trouvait à Dijon pour raisons professionnelles et a dû être amputée d’une jambe après l’explosion.
« Sa vie a basculé en une fraction de seconde. Elle veut comprendre comment un homme peut, par égoïsme, risquer d’attenter à la vie des autres », a indiqué son avocat, Jean-Philippe Morel. L’accusé, dont le procès est prévu jusqu’à vendredi, risque 30 ans de réclusion criminelle pour « destruction du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes » ayant notamment entraîné « une mutilation ou une infirmité permanente ».